dimanche 12 juillet 2009

Tunis, semaine 5

Dernière fin de semaine en Tunisie avant le retour samedi prochain. Mon collègue Frédéric et moi sommes retournés à Kélibia, dans la région du Cap Bon, pour se faire dorloter par Mongia, la femme de son oncle, qui nous a préparé des plats tunisiens succulents. Il a fait un temps magnifique, la mer était belle et en plus il n'y avait pas de méduses pour nous empêcher de nous baigner.

Kélibia est à moins de 200 km de Tunis mais comme il n'y a pas d'autoroute dans cette région ça prend un peu plus de temps que d'ordinaire. Mais c'est pas grave ça en valait la peine. Le problème c'est que le voyage se fait dans ce que les Tunisiens appellent un "louage" c'est-à-dire un genre de vieille mini-fougonette dans laquelle s'entassent 9 personnes dans une chaleur torride, sans air climatisé, avec une musique arabisante infernale et surtout, surtout, un chauffeur complètement casse-cou qui roule à 120 sur une route de campagne, en dépassant tout le temps dans les courbes, en collant au cul les véhicules de devant, bref, il vaut mieux se fermer les yeux, et croiser le doigts en espérant qu'on se rende sains et saufs... Inch'Allah.

Samedi matin, il nous passe l'envie d'aller nous faire couper les cheveux chez un coiffeur de Kélibia que l'oncle Henri connaît depuis longtemps. On nous avait pourtant bien prévenu que le salon était spécial mais j'ai rârement vu dans ma vie quelque chose d'aussi kitsh. On a eu beaucoup de fun dans ce salon de coiffure aux allures de bombonnière, décoré d'objets tous plus hétéroclites les uns que les autres. Et le coiffeur lui-même est un personnage assez spécial.

Ne reculant devant aucune audace, c'est Frédéric qui se lance le premier. Le risque était plus grand pour lui parce qu'il n'a pas beaucoup de cheveux. Moi je me suis dit que, au pire, dans trois semaines, rien n'y paraîtrait plus.

Admirez la magnifique fontaine qui ornait la salle d'attente (où personne n'attend) décorée avec des poupées G.I.Joe fixées sur des petites roches. Humm, quel goût!

La coupe (qui ne coûte presque rien) comprend également la taille des poils du nez et des oreilles... On ne voit pas ça à Montréal.


La télé diffuse tout le temps des superbes novelas (téléromans) mexicains traduits en arabe. Très drôle.


Eh oui, il fallait bien que je me lance moi aussi.

Mohamed et ses doigts de fée.


En voici une autre, c'est trop kitsh.


L'oncle Henri a deux maisons à Kélibia. Celle-ci est une très belle maison de campagne dans le style traditionnel tunisien construite sur une petite colline avec une vue absolument spectaculaire sur la Méditerranée. L'autre est en plein centre de la ville de Kélibia, une autre magnifique maison très différente mais où ils passent les mois d'hiver. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il y a un hiver en Tunisie et c'est même extrêmement humide. Si bien que le chauffage est nécessaire et n'arrive pas toujours à suffire pour garder au chaud. Bien sûr il n'y a pas de neige, mais c'est suffisamment froid pour que cette maison de campagne ne soit pas habitable l'hiver. Ça c'est une partie de la terrasse.


Ça c'est moi avec ma nouvelle coupe de cheveux très "clean cut".


Sur les marches devant la terrasse. L'oncle Henri derrière.

Une petite partie de l'immense jardin.

Un petit portail de fer forgé avec le bleu typique de la Tunisie.


Je vous raconte maintenant une des choses les plus sordides que j'ai vue dans ma vie. Vous avez ici la SAQ de Kélibia. Le seul endroit de la ville où on peut acheter de l'alcool. Il s'agit d'un local puant avec des grillages où tout le monde se marchent les uns sur les autres pour pouvoir acheter un peu de bière ou une bouteille de vin. Vous voyez même du monde agrippé comme des singes aux grilles, ou comme du bétail en manque de fourrage.
Pour moi, nous avons ici une des représentations des dérives de l'Islam. Comme l'alcool est interdit, en principe, ça donne lieu à des excès comme ça, comme au temps de la prohibition en Amérique. Le samedi soir, les jeunes en sont réduits à boire des petits cafés sur les terrasses. Et tout le monde sait que les interdictions donnent lieu aux pires abus.
Alors inutile de vous dire que je ne suis pas resté longtemps et j'ai vite reviré de bord devant ce chaos et cette anarchie.

Toujours la SAQ...


De retour à la maison, voici une autre vue de la très belle terrasse chez Henri.


Une belle photo du côté de maison vers 18h00. Ce blanc immaculé sur le bleu azur du ciel est vraiment très beau.


Toujours la maison.


Un olivier dans le jardin qui leu a été offert au moment de leur mariage. L'olivier est un arbre presque sacré ici. On met de la chaux sur le tronc pour éloigner les fourmis.
Voilà. Dernière photo de cette mission.


dimanche 5 juillet 2009

Tunis, semaine 4

Ce weekend, petite virée du côté de Kairouan, vers le centre du pays, avec mon collègue Frédéric. Kairouan est une ville sainte de l'Islam, le quatrième lieu saint après La Mecque, Médine, et Jérusalem. On dit même que sept pélerinages à Kairouan dispensent d'aller à la Mecque une fois dans sa vie, tel que prescrit dans les cinq piliers de l'Islam. C'est une petite ville qui présente certains intérêts, notamment sa grande mosquée, mais aussi le fait que la ville a été le point de départ de la conquête de l'Espagne par les Musulmans. À Kairouan, on trouve aussi des artisans de cuivre étamé et de tapis d'une très grande beauté. Les tapis de Kairouan sont d'alleurs connus et appréciés partout pour la finesse de leur travail.

Présentement, dans cette région du pays il fait entre 40 et 45 degrés. C'est vraiment une chaleur insupportable pour ceux qui n'ont pas l'habitude. C'est pourquoi nous avons décidé de nous installer dans le meilleur hôtel de la ville, l'hôtel La Kasbah, magnifique hôtel construit dans une ancienne caserne de l'époque ottomane.

Voici le hall de l'hôtel, très réussi.

Autre vue du hall de l'hôtel.

Ça c'est le café Maure, situé dans un recoin voûté de l'hôtel, où on peut notamment fumer le narguilé, ou la chicha si vous préférez. Ambiance très feutrée.


La piscine de l'hôtel. Inutile de vous dire que j'y ai passé beaucoup de temps, par cette chaleur torride.


Une des entrées de la médina, qui est d'ailleurs la deuxième plus importante médina du pays après celle de Tunis.



Toujours dans la médina.


Une des mosquées de la ville, celle dite La grande mosquée. Contrairement aux autres lieux de culte, celle-ci a plutôt l'air d'une forteresse. D'ailleurs, le minaret est une tour de protection construite au VIIe siècle, donc il y a plus de mille ans. Au début ce n'était pas destiné à l'appel du muezzin comme aujourd'hui. Ce n'est que bien plus tard que la mosquée a été construite à partir de la tour.


Ça c'est mon collègue Frédéric à l'intérieur de la mosquée avec un grand "linge à vaisselle" qu'on lui a obligé à porter parce que ses bermudas ne descendaient pas en-dessous du genou! Nous avons bien rigolé. Moi j'ai eu la bonne idée de porter des jeans même avec cette chaleur. Mais au moins je n'avais pas l'air d'une fermière berbère...


La grande cour intérieure de la mosquée est vraiment très belle. C'est notamment là que se font les ablutions, rite obligatoire de pureté pour les Musulmans.



Moi au centre de la cour centrale de la Grande mosquée.


Colonnade. Époque inconnue.

Le style maureque est très beau aussi.


L'intérieur de la salle de prière. Dans cette salle, seuls les Musulmans peuvent entrer, pas les touristes comme moi, encore moins s'ils sont des apostats...


Détail d'une des gigantesques portes en bois qui ornent l'entrée de la salle de prière. Très joli.


Toujours à l'intérieur de la mosquée, un monsieur qui répare un coin de dallage avec des moyens rudimentaires.


Vue générale de la grande Mosquée.

Une maison traditionnelle, avec la couleur bleue typique de la région. On voit aussi un bout des remparts de la ville.



Ici ce sont les bassins des Aghlabides. Les Aghlabides sont une très ancienne dynastie arabe qui est venue s'établir dans cette région désertique. Comme l'eau était très rare, ils avaient inventé un ingénieux système de bassins de décantation qui permettaient aux habitants de survivre dans cette région aride. Encore aujourd'hui les bassins sont en opération, plus de 1000 ans après leur construction.


Des beaux cactus.


Toujours ma passion des portes.

À l'intérieur de mon hôtel Kasbah, une magnifique coupole qui laisse entrer des rayons de lumière tamisée. Merveilleux.

Un petit tour dans le souk de cuivre. Des artisans qui travaillent leur matériau avec des moyens rustiques.





L'intérieur d'une boutique.

Un autre artisan à l'étape du polissage.


Voici de quoi ont l'air les rues de la ville après le marché. Je ne vous décris pas l'odeur.

Composition.


Un genre de Couche-Tard, version tunisienne.

Spécialité locale, des cacahuètes pralinées qu'on fait sauter dans une marmite et qu'on enrobe de sucre. Très bon.


Mais la vraie de vraie spécialité culinaire de la région, ce sont les makrouds de Kairouan. Des petits biscuits coupés en formes de losanges et fourrés aux dattes ou aux pistaches. Un régal. Si vous êtes gentils, je vous en apporterai...
Bonne semaine.