Kélibia est à moins de 200 km de Tunis mais comme il n'y a pas d'autoroute dans cette région ça prend un peu plus de temps que d'ordinaire. Mais c'est pas grave ça en valait la peine. Le problème c'est que le voyage se fait dans ce que les Tunisiens appellent un "louage" c'est-à-dire un genre de vieille mini-fougonette dans laquelle s'entassent 9 personnes dans une chaleur torride, sans air climatisé, avec une musique arabisante infernale et surtout, surtout, un chauffeur complètement casse-cou qui roule à 120 sur une route de campagne, en dépassant tout le temps dans les courbes, en collant au cul les véhicules de devant, bref, il vaut mieux se fermer les yeux, et croiser le doigts en espérant qu'on se rende sains et saufs... Inch'Allah.
Samedi matin, il nous passe l'envie d'aller nous faire couper les cheveux chez un coiffeur de Kélibia que l'oncle Henri connaît depuis longtemps. On nous avait pourtant bien prévenu que le salon était spécial mais j'ai rârement vu dans ma vie quelque chose d'aussi kitsh. On a eu beaucoup de fun dans ce salon de coiffure aux allures de bombonnière, décoré d'objets tous plus hétéroclites les uns que les autres. Et le coiffeur lui-même est un personnage assez spécial.
Ne reculant devant aucune audace, c'est Frédéric qui se lance le premier. Le risque était plus grand pour lui parce qu'il n'a pas beaucoup de cheveux. Moi je me suis dit que, au pire, dans trois semaines, rien n'y paraîtrait plus.
Admirez la magnifique fontaine qui ornait la salle d'attente (où personne n'attend) décorée avec des poupées G.I.Joe fixées sur des petites roches. Humm, quel goût!
La coupe (qui ne coûte presque rien) comprend également la taille des poils du nez et des oreilles... On ne voit pas ça à Montréal.
La télé diffuse tout le temps des superbes novelas (téléromans) mexicains traduits en arabe. Très drôle.
Eh oui, il fallait bien que je me lance moi aussi.
Mohamed et ses doigts de fée.
En voici une autre, c'est trop kitsh.
L'oncle Henri a deux maisons à Kélibia. Celle-ci est une très belle maison de campagne dans le style traditionnel tunisien construite sur une petite colline avec une vue absolument spectaculaire sur la Méditerranée. L'autre est en plein centre de la ville de Kélibia, une autre magnifique maison très différente mais où ils passent les mois d'hiver. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il y a un hiver en Tunisie et c'est même extrêmement humide. Si bien que le chauffage est nécessaire et n'arrive pas toujours à suffire pour garder au chaud. Bien sûr il n'y a pas de neige, mais c'est suffisamment froid pour que cette maison de campagne ne soit pas habitable l'hiver. Ça c'est une partie de la terrasse.
Ça c'est moi avec ma nouvelle coupe de cheveux très "clean cut".
Sur les marches devant la terrasse. L'oncle Henri derrière.
Une petite partie de l'immense jardin.
Un petit portail de fer forgé avec le bleu typique de la Tunisie.
Je vous raconte maintenant une des choses les plus sordides que j'ai vue dans ma vie. Vous avez ici la SAQ de Kélibia. Le seul endroit de la ville où on peut acheter de l'alcool. Il s'agit d'un local puant avec des grillages où tout le monde se marchent les uns sur les autres pour pouvoir acheter un peu de bière ou une bouteille de vin. Vous voyez même du monde agrippé comme des singes aux grilles, ou comme du bétail en manque de fourrage.
Pour moi, nous avons ici une des représentations des dérives de l'Islam. Comme l'alcool est interdit, en principe, ça donne lieu à des excès comme ça, comme au temps de la prohibition en Amérique. Le samedi soir, les jeunes en sont réduits à boire des petits cafés sur les terrasses. Et tout le monde sait que les interdictions donnent lieu aux pires abus.
Alors inutile de vous dire que je ne suis pas resté longtemps et j'ai vite reviré de bord devant ce chaos et cette anarchie.